Programme
Jeunes chercheurs

L'Institut d'études de géopolitique appliquée (Iega) instaure, avec le soutien de la Direction générale des relations internationales et de la stratégie (Dgris) du ministère des Armées un programme à
destination des jeunes chercheurs pour promouvoir une expertise novatrice et
renouvelée en sciences sociales et politiques.
Ce programme contribue au développement de la pensée stratégique à travers les publications et manifestations scientifiques de ses chercheurs, puis vise à émettre des recommandations en lien avec trois grands axes de recherche : sécurité et multilatéralisme ; droit international et diplomatie culturelle ; paradigmes environnementaux.


Les axes de recherche du programme
- Sécurité et multilatéralisme
Les enjeux sécuritaires sont depuis toujours une partie intégrale des problématiques géopolitiques. Dans l'ensemble, les relations internationales, la diplomatie culturelle et la coopération économique se construisent et s'articulent autour des préoccupations sécuritaires des États.
Depuis la fin de la Première Guerre mondiale, le multilatéralisme apparaît comme un levier incontournable des sorties de crises. Après l'échec de la Société des Nations, l'Organisation des Nations unies (ONU) s'est imposée comme une forme plus mature d'organisation multilatérale. L'institution phare de la gouvernance plurielle a depuis essaimé une quantité de groupes de recherches et de réflexions, soulignant la valeur transversale du multilatéralisme. L'effondrement de l'Union soviétique a entraîné l'apparition de nouveaux organismes et de nouveaux formats développés ad hoc, pensés comme autant de réponses raisonnées à diverses crises. Dans d'autres cas, certaines organisations multilatérales par essence, comme l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN), se trouvèrent contraintes de se réinventer et de revoir leurs modes d'opérations.
Loin de représenter la forme absolue de consensus politique, le multilatéralisme constitue un élément déterminant de stratégie politique. La Chine fait ainsi de l'Organisation de Coopération de Shanghai (OCS) la vitrine d'un modèle de gouvernance alternatif, tout en utilisant son poids diplomatique au sein de l'ONU afin de faire pencher la balance internationale en faveur de sa politique étrangère. Cela soulève également la question de la gouvernance dans un contexte multilatéral, mais aussi son cadre légal.
Sécurité et multilatéralisme demeurent donc l'enjeu et la mécanique essentielle à la compréhension des grandes questions géopolitiques à venir.
- Droit international et diplomatie culturelle
L'émergence de nouveaux espaces de conflictualité appelle nécessairement l'évolution du cadre réglementaire, tant pour prévenir l'éclatement de la violence que dans le but de la circonscrire. La même logique impose le développement d'une réflexion centrée sur les techniques émergentes qui pourraient profondément impacter les sociétés humaines : l'intelligence artificielle, le quantique, sans oublier l'expansion de l'espace cyber. Les analyses géopolitiques autour du droit international dépassent donc largement les débats sur son caractère non-coercitif et la validité de son application.
Outre le fait qu'ils forment de nouveaux théâtres d'affrontements pour les États, ces espaces forment le prolongement du cadre diplomatique traditionnel. La diplomatie culturelle ne doit cependant pas être réduite à la dichotomie entre violence et non-violence, car l'absence de lutte armée n'est pas synonyme d'absence de conflit. La dimension culturelle et interculturelle des relations internationales est indispensable à la compréhension des grands enjeux géopolitiques et, à l'instar du droit, un élément indissociable de leur éventuelle résolution.
Droit international et diplomatie culturelle sont donc deux dimensions essentielles à toute réflexion géopolitique.
- Paradigmes environnementaux
La prise de conscience grandissante des enjeux environnementaux s'impose désormais dans l'ensemble des couches de la société. Les acteurs civils et non-étatiques, depuis longtemps au premier rang de la mobilisation, intensifient leur mobilisation afin d'accélérer le déploiement des politiques climatiques, alors qu'une partie d'entre eux glisse vers la radicalité. Les divergences de position entre les États se traduisent par une application souvent contradictoire de politiques publiques et industrielles, chaque gouvernement tentant au maximum de concilier le respect des engagements climatiques avec le reste de leurs responsabilités vis-à-vis des citoyens.
Les acteurs économiques ne sont pas en reste, souvent pris dans le feu croisé des injonctions politiques contradictoires. Le développement de nouvelles techniques capables de réduire l'impact du dérèglement climatique et de mieux s'y préparer, notamment grâce à un important travail mené sur les énergies, font de certaines entreprises l'objet d'importantes luttes d'influences entre États.
Parallèlement à la mobilisation de la société civile dans son ensemble, les forces armées et le secteur de la défense se sont également positionnés sur ces enjeux. Confrontées à l'évolution sans précédent des théâtres de guerre, les armées doivent impérativement développer leurs capacités analytiques et prospectives afin de se préparer à de nouvelles conflictualités.
La transversalité des enjeux environnementaux en fait donc un sujet géopolitique à part entière, lequel appelle à une réflexion spécifique en mesure de considérer le caractère total des effets du dérèglement climatique.