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Quel bilan tirer de la transition démocratique en Tunisie ?

27/08/2020

Marcelo Velit, chargé de mission au sein de la Direction générale de l'Institut d'Études de Géopolitique Appliquée, s'est entretenu avec Hamadi Redissi, universitaire, islamologue et politologue tunisien, auteur de l'ouvrage « L'Islam incertain : Révolutions et Islam post-autoritaire » (Éditions Cérès, 2017)

Comment citer cet entretien :

Hamadi Redissi, « Quel bilan tirer de la transition démocratique en Tunisie ? », Institut d'Études de Géopolitique Appliquée, Août 2020. URL : https://www.institut-ega.org/l/quel-bilan-tirer-de-la-transition-democratique-en-tunisie/


Marcelo Velit - Vous êtes l'auteur de l'ouvrage « L'Islam incertain : Révolutions et Islam post-autoritaire », essai paru aux Éditions Cérès en 2017. Dans le titre de votre ouvrage, vous parlez d'islamisme post-autoritaire, en faisant une réflexion sur la postériorité politique à la suite d'une rupture abrupte (d'où le préfixe post). Ce moment d'inflexion étant les mobilisations sociales et politiques de 2011, étiquetées sous le label de « révolutions arabes ». Que représentent pour vous ces mobilisations politiques et sociales ? Est-ce que l'expression de « révolution arabe » est bien employée pour le processus politique entamé par les pays de la région, notamment en Tunisie ?

Hamadi Redissi - Le concept de révolution est un concept problématique. Je pense que c'est un faux débat, de savoir si la Tunisie a connu une révolution ou une révolte, ou un soulèvement, si les forces internes ont été déterminantes ou bien si les forces externes ont piloté de loin - et là, depuis quelques temps, on a de plus en plus d'éléments d'information montrant qu'il y a eu des influences ou pressions étrangères pour imposer le départ de Ben Ali. Je pense que ce n'est pas le plus important, ce n'est pas le concept de révolution qui est au centre, ni même de savoir si la Tunisie a fait une grande révolution ou si elle a fait seulement un soulèvement populaire à l'échelle d'une petite nation.

Je pense que le plus important, c'est que les gens sont descendus dans la rue. Il y a eu un soulèvement, ou une grande révolte, qui a eu pour but la démocratie. Moi je dirais qu'il y a eu une rupture radicale, une transition par le bas et non pas par le haut, ni par les négociations. Ce sont les trois grandes modalités de la transition politique. Je préfère parler de transition politique que de révolution. Ce n'est pas plus prestigieux d'avoir fait une révolution que d'avoir fait des réformes qui mènent à une démocratie stable et ininterrompue sur le modèle suédois ou norvégien. Les révolutions sont rares ; historiquement il n'y a eu que deux révolutions, la française et l'américaine - et encore, quelqu'un comme Axel Honneth considère qu'il n'y a eu qu'une seule révolution, la française, et une seule séquence, celle de la convention.

Laissons ce débat politico-théorique de côté et penchons-nous sur l'essentiel. Il y a eu une transition radicale en confluence de deux grandes revendications. Une revendication socio-économique déclenchée par les jeunes chômeurs de longue durée, et une revendication démocratique et libérale venant des classes moyennes et « nobles ». C'est cela le plus important. Ce qui a pu conserver la révolution ou le changement, ou la transition radicale, ce n'est pas tant le fait que les Tunisiens ont fait une grande révolution ou sont plus civilisés, plus modernes ou plus libéraux que d'autres peuples arabes, mais c'est le fait qu'il y a une série d'éléments qui ont convergé pour que la transition, au départ radicale, se calme et se déroule, pour l'essentiel, de façon pacifique. Voilà ce que je pense du concept de révolution et de transition radicale, et sur les forces qui ont animé cette révolution.

Vous avez demandé pourquoi, dans le cas tunisien, la révolution a triomphé là ou dans d'autres pays elles ont échoué. Sur cela il y a deux grandes thèses : la thèse de la modernisation et la thèse de la transition politique, ou de l'interaction entre acteurs. Si on fait la comparaison entre la Tunisie et les autres pays arabes, on trouve que le système des avantages comparatifs tourne souvent à l'avantage de la Tunisie. C'est-à-dire que la Tunisie a économiquement ou socialement été plus « avancée » : les prérequis d'une prospérité relative, d'une classe moyenne développée, d'un esprit civique, d'une classe politique coalescente étaient disponibles et déjà présents. Dans d'autres pays, ou bien la prospérité a fait défaut (comme le cas de l'Égypte), ou bien les classes moyennes n'existent pas et il y a eu à leur place le tribalisme ou le confessionnalisme - je pense à la Syrie ou au Yémen. Ou bien il n'y a pas l'esprit civique, c'est-à-dire qu'il n'y a pas une société civile agissante, active et organisée de manière libre sur plusieurs années. Voilà un élément important qui a sauvé la Tunisie à un moment : quand il y a eu une rupture du processus transitionnel en Égypte, en Syrie, en Libye et au Yémen et au Bahreïn, ce moment de balancement où il a fallu choisir entre la démocratie (avec un risque de conflit interne et même de déclin économique, comme la Tunisie aujourd'hui) ou le retour dans l'ancien système, le pays a décidé d'opter pour la deuxième option. La Tunisie a fait un sitting d'un mois au Bardo, la société civile a imposé aux islamistes de démissionner, de confier le gouvernement et de charger un gouvernement de technocrates. Là, un élément différentiel et important, comme pour les Allemands, tourne à l'avantage de la Tunisie : c'est l'absence de forces armées, qui ont un rôle historique dans les institutions. L'armée tunisienne est républicaine, professionnelle et en nombre limité. Elle n'a pas pu intervenir pour briser le processus en prétextant une contestation populaire sur le modèle égyptien, ou en prétextant une violence venant des islamistes, comme cela s'est passé en Syrie, pour continuer la répression.

MV - Pour entrer dans le débat autour de l'islamisme, selon vous, les pays de la région - notamment la Tunisie - seraient soumis à des tentations autoritaires après la révolution de 2011. Il existerait une tension entre une tendance théo-autoritaire et une tendance néo-autoritaire. Pourriez-vous nous dire pourquoi on continue à parler d'autoritarisme à la suite des processus en faveur de l'instauration d'une démocratie ? Laquelle des deux tensions est celle qui prime aujourd'hui dans le pays ?

HR - Nos peuples ont vécu un grand traumatisme. Nous avons vécu, depuis l'indépendance, des régimes qu'on peut qualifier de non-démocratiques, avec pour certains un visage avenant et éclairé, comme la Tunisie de Bourguiba, ou bien du type dictatorial et personnel, sur le modèle de Kadhafi, ou militaire sur le modèle de l'Égypte. Il y a cette tentation de ce que l'on appelle l'État profond, qui a encore des ressources pour pouvoir revenir au pouvoir et qui est réel. Il est réel et peut être aidé par le fait qu'après une crise, un désastre économique, des tensions sociales, on peut avoir un début de chaos qui rend cette tentation attractive. Les gens préfèrent revenir à la case de départ. C'est la tentation putschiste, « C'était mieux, on avait la sécurité et le bien-être ». Et puis il y a un nouveau type d'autoritarisme, c'est le néo-autoritarisme. Il est compétitif et accepte les règles du jeu démocratique, mais verrouille le système, la justice, les médias et contrôle les instances de la régulation telles que les élections et les instances intermédiaires.

Donc vous avez cette tentation, et dans cette tentation les islamistes ont su l'emporter. Il l'a emporté en Turquie, et dispose des préjugés favorables des spécialistes de l'islam politique en France et ailleurs - il était à un moment donné impossible de critiquer l'islamisme sans être accusé d'éradicateur. Rappelez-vous le débat autour de l'agenda caché d'Erdogan : si quelqu'un disait qu'il avait un hidden agenda, il était immédiatement catégorisé comme éradicateur, anti-démocratique, supporteur de régimes autoritaires. Il se trouve pourtant que c'est vrai : le modèle turc d'une démocratie apaisée et réconciliée avec la laïcité, d'une démocratie libérale islamisante et musulmane certes, ce modèle-là s'avère être un modèle finissant dans l'autoritarisme. C'est un néo-autoritarisme : il y a toujours des élections bien entendu, il y a quelques libertés, les journaux sont libres et on a la permission d'avoir un journal, il y a des médias, des partis politiques représentés dans le Parlement, mais le système est verrouillé.

Voilà la tentation subie aujourd'hui et la politique mise en œuvre de façon systématique par l'islamisme politique tunisien. Avec quelque chose de nouveau que personne à ce jour à mon sens n'a vu parmi les spécialistes de l'islam : ce n'est plus la tentation autoritaire, mais une tentation de gangerisation de l'islamisme. L'islamisme devient de plus en plus critiqué, non pas sur ses positions religieuses, mais du fait qu'il a mis la main sur l'État, sur l'appareil de justice, et qu'il a reproduit l'élite malveillante et malfaisante qui a gouverné pendant 30 ans en Tunisie. Voilà ce qui est nouveau : l'islamisme n'est plus un islamisme strictement politique, et c'est là qu'on retrouve le post-islamisme. Ce dernier n'est pas la réconciliation de l'islam avec la démocratie, avec les institutions et avec le système libéral. Le post-islamisme sort de l'islamisme, non pas pour entrer dans la démocratie, mais pour entrer dans une sorte de clan politico-mafieux sur le modèle plus traditionnel de la politique de droite de n'importe quel pays. Je ne dis pas que cela est lié à l'islam en tant que religion, ni que c'était le but du départ. Non. Manifestement on le voit aujourd'hui, l'islam politique en Tunisie est entrain de finir dans un type de pouvoir clanique en rapport avec la corruption, la distribution des préventes, la mise au pas des institutions de l'État. C'est à la fois une tentation néo-autoritaire mais aussi de type clanique.

MV  - La Constitution tunisienne est considérée comme l'une des plus « libérales » et « modernes » formulées au lendemain des révolutions politiques de 2011 et promouvant le compromis politique entre les différents camps politiques nationaux après l'ère autoritaire. Dans votre livre, vous parlez dans ce contexte de « surenchère islamiste » (un islamisme à répétition). Peut-on dire qu'au lendemain de l'autoritarisme en Tunisie, l'acceptation de tous les courants islamistes est un remède en faveur du compromis ? L'inclusion de l'islamisme politique dans le compromis politique tunisien a-t-elle réussi à modérer ce courant ?

HR - Cette question a deux volets. Le premier volet, c'est la surenchère. On nous a longtemps expliqué que la cause de l'islamisme et de l'islam radical, c'étaient les régimes autoritaires. On a lu des livres, vu des prises de positions diplomatiques, entendu des politiques s'exprimer, c'était un consensus fédérateur : la cause principale de l'islam politique, ce sont les régimes autoritaires. Il suffit que ces régimes se démocratisent pour que l'islam soit absorbé par le système démocratique. Vrai et faux.

Vrai, parce qu'une partie de l'islam politique a été banalisée dans ce que l'on a appelé le post-islamisme, concept utilisé au départ par Asef Bayat en 1992 et qui a été repris (entre d'autres) par Olivier Roy. Sur ce point, c'est vrai. Il y a une banalisation d'une partie de l'islam radical. Ma thèse, mon intuition, mon observation - et le cas tunisien le démontre et ce n'est pas le cas en Turquie car chaque régime a sa spécificité - c'est qu'en Tunisie, aussitôt que l'islam politique s'est calmé et banalisé, dès qu'il a fait des concessions aux classes moyennes et aux sécularistes qui avaient peur d'une islamisation de l'État et de la société, aussitôt que cet islam politique s'est ramolli, alors un autre islam radical a pris sa place et remis les pendules à l'heure et les compteurs à zéro. Voilà ce qui a eu lieu en Tunisie, et nous l'avons vu depuis le 14 janvier à travers la naissance du salafisme terroriste, djihadiste et violent. On voit après le mouvement Al-Karam à la coalition, qui est un soutien de l'islam politique au pouvoir, de l'Ennahda. Au Parlement, il y a deux tendances : une islamiste classique de la Ennahda, et une fraction politico-mafieuse islamo-trabendo. D'ailleurs, ils ont fait leurs meilleurs scores dans les régions frontalières, là où se fait la contrebande. C'est ça la surenchère : si un islam politique laisse la place du radicalisme vide, c'est comme une structure absente. Il y a un autre islam, un nouvel islam radical, qui va occuper cette place vacante, car ce discours est porteur et il y a une clientèle pour ça, et des gens préparés pour ça. Voilà ce qui a eu lieu en Tunisie. Loin d'avoir définitivement banalisé l'islam radical (dont on craignait qu'il tombe dans le terrorisme généralisé), la démocratie a permis le ressourcement de l'islamisme radical dans de nouvelles formes.

MV  - Vous diriez que c'est la transition démocratique en elle-même qui a permis ce consensus politique et l'inclusion de ces différents courants, ou bien est-ce parce que le courant islamiste en Tunisie est trop fort ?

HR - Ce n'est pas le courant mais la culture islamiste qui est attractive. Il y aura toujours quelqu'un qui pensera que le Coran donne le droit aux gens de tuer les Juifs et les Chrétiens. Il y aura toujours quelqu'un pour croire que la violence contre les Tunisiens ou les Yéménites, parce qu'ils sont impies et parce que cette société est apostasiée, est légitime. Il y aura toujours quelqu'un pour le croire, c'est dans la structure même du religieux. Seulement, ailleurs, ce sont des phénomènes marginaux qu'on arrive à absorber culturellement, à marginaliser politiquement ou à poursuivre judiciairement. Dans nos pays, ils ne sont pas poursuivis pénalement : ils trouvent un terrain politique favorable, et le déclin culturel de la Tunisie ainsi que celui de l'éducation nationale - il y a plus de 100 000 élèves qui quittent l'école annuellement, soit un taux d'analphabétisme de 20% après 70 ans d'indépendance à 20% - fait que le terreau est préparé pour que ce genre de discours prenne ancrage.

MV - Aujourd'hui, la Tunisie fait face à des problèmes au niveau de l'appareil législatif du système politique, notamment par rapport à la mise en place d'un nouveau gouvernement. D'autre part, la Tunisie fut le patient zéro des révolutions arabes ; c'est par elle qu'a débuté l'effet de contagion des mobilisations politiques dans la région. Quelles seraient les conséquences géopolitiques d'un échec total de la transition démocratique en Tunisie ? Ou au contraire, quels effets au niveau régional provoquerait une plus ample reconnaissance du succès de la transition démocratique en Tunisie ?

HR - Je commencerai par dire qu'au grand malheur de la Tunisie, son modèle n'est pas attractif ni contagieux. Si vous voyez la cause des femmes, qui a été une belle réalisation depuis 1956, son effet contagieux aujourd'hui est très limité. On n'est pas arrivés à faire de ce modèle un modèle arabe, pourtant la femme en Tunisie est émancipée. La question qui se pose est pour la démocratie : est-ce que ça va être la même chose, est-ce que ce n'est pas un phénomène isolé, comme la tentation de Venise, une « petite » exception ? À ce jour, après 10 ans d'expérience démocratique, le modèle ne semble pas avoir été particulièrement contagieux. La Tunisie reste encore comme une expérience in vitro sans effets sur le monde d'autrui.

Quels effets aura donc la suite ou la fin de l'expérience tunisienne ? La situation économique est désastreuse. Sur le plan politique, le système politique institué depuis 2014 est un système défectueux. Nous sommes dans une quadrature du siècle qui fait qu'il est impossible de le changer, parce que la majorité a intérêt à le garder. Personne ne gouverne, un gouvernement ne tient pas plus de neuf mois. Nous sommes dans une république sans prospérité, ce qui est extrêmement risqué et dangereux pour une démocratie naissante. Sans la prospérité, la démocratie ne peut pas tenir, encore moins quand il y a un désastre économique. Souvenez-vous de la façon dont le fascisme et le populisme sont nés en Occident, justement du fait que l'économie et la prospérité ont décliné.

Si tel était le cas, quels effets cela porterait ? Cela serait un grand moment de désespérance pour le siècle à venir. On ne réfléchirait plus dans ou sur le monde arabe ou sur le monde de l'islam selon l'idée que ce sont des régimes autoritaires avec lesquels il faut négocier une transition douce, ou peut-être leur forcer la main et les obliger à des concessions substantielles sur le plan de la démocratie et des droits de l'homme. Mais il faudra trouver un autre moyen ou une autre manière pour procéder avec ces régimes. Il y a fort à parier que, si l'expérience tunisienne échoue, le monde arabe rentrerait dans un très grand désespoir dont il lui faudra un siècle pour sortir.

MV - Je ne peux m'empêcher de tracer le parallélisme entre l'expérience démocratique en Tunisie et la structure même de quelques pays latino-américains. Je viens du Pérou, et je vois bien les similitudes : nous avons nous aussi des problèmes pour établir un gouvernement, pour séparer le système judiciaire et le pouvoir politique, et nous continuons à être essentiellement une démocratie électorale. Que cela signifierait pour vous si l'expérience démocratique en Tunisie échouait ?

HR - Je suis d'accord avec vous. La Tunisie a plus en commun avec ce qui se passe en Amérique latine qu'avec ce qu'il se passe dans le reste des pays arabes. Au niveau des systèmes politiques, il y a d'abord la prise de conscience que le modèle autoritaire est fini. C'est le point de départ de mon livre L'Islam incertain. L'autoritarisme n'a plus d'avenir, ni de support, ni de soutien, ni d'avocats. Même si par malheur il pouvait encore reprendre le pouvoir, ce ne serait pas pour durer. C'est une menace sur le système dans lequel nous nous installons. Ce système a des fortes comparaisons avec le système latino-américain. Il y a une démocratie électorale, et pour le reste tout est objet d'une négociation au quotidien entre les forces polyarchiques, et même anarchiques. Les forces armées qui sont en partie privatisées, les secteurs publics en partie privatisés, des meurtres non élucidés, un appareil judiciaire qui est aux ordres, corrompu. Donc une démocratie électorale a minima, et la Tunisie s'installe peut-être dans ce modèle de démocratie électorale a minima - et pour le reste, le système politique est absolument défaillant. On ne peut pas dire que c'est une démocratie libre, stable et ininterrompue.

MV - Merci beaucoup pour vos réponses. Avez-vous un mot pour la fin ?

HR - J'espère que la Tunisie se sortira de cette dernière épreuve, pas celle de la COVID-19 car elle a été bien gérée, mais cette épreuve où il y a une situation économique désastreuse au point où on parle même d'une récession qui s'installe. La Tunisie n'a pas eu de croissance depuis 2001. La révolution a été d'abord une révolution pour les inégalités sociales et le bien-être. Sur le plan démocratique, il y a plus d'indices qui montrent que certaines libertés sont brimées, et sur le plan strictement politique il y a une fragmentation politique qui fait que le pays est devenu ingérable. La Tunisie doit trouver sa voie - sinon, comme vous l'avez dit, nous aurions deux choix : soit un retour à un système autoritaire, soit la trajectoire latino-américaine, qui consiste à continuer sur cette voie démocratique. C'est aussi le modèle libanais. L'Amérique latine n'est pas très loin du modèle libanais. Voilà le deuxième scénario : une démocratie purement électorale. Pour le reste, tous les autres secteurs de la société sont sinistrés.