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Le Groenland au cœur des enjeux arctiques

07/03/2025

Carte réalisée par Nato Tardieu. Texte rédigé par l'Institut d'études de géopolitique appliquée. 


Cette carte met en lumière l'importance stratégique du Groenland et, plus largement, de l'Arctique dans les dynamiques géopolitiques contemporaines. À travers une représentation détaillée des routes maritimes, des revendications territoriales et des bases militaires, elle illustre la montée des tensions entre puissances rivales dans cette région en pleine mutation.

Un espace convoité dans un contexte de rivalités accrues

Le Groenland, territoire autonome sous souveraineté danoise, occupe une position géostratégique essentielle au sein de l'Arctique. Cette carte met en évidence les principales revendications territoriales, notamment celles du Danemark, du Canada et de la Russie sur le plateau continental arctique. La Russie, en particulier, renforce sa présence militaire dans la région, comme l'indique la mention des exercices russes simulant le déploiement d'une arme nucléaire sous la banquise. Ce type de manœuvre illustre l'escalade militaire dans l'Arctique, qui devient progressivement une zone de confrontation entre grandes puissances.

D'un point de vue économique, la fonte accélérée de la banquise, dont l'extension minimale en septembre 2024 et maximale en février 2024 sont représentées, ouvre de nouvelles opportunités pour les routes maritimes. La carte souligne ainsi le potentiel des passages du Nord-Est et du Nord-Ouest, qui deviennent de plus en plus praticables. Ces voies maritimes pourraient concurrencer les routes commerciales traditionnelles en réduisant significativement le temps de transport entre l'Europe et l'Asie.

Le Groenland, un enjeu énergétique et militaire

Au-delà de son importance maritime, la carte met en exergue la présence de bases militaires stratégiques, telles que la base de Thulé (Pituffik), essentielle pour la défense américaine et le système d'alerte avancé face aux menaces balistiques. Cette présence militaire illustre la volonté des États-Unis de sécuriser leur position dans l'Arctique face à la montée en puissance de la Russie et aux ambitions croissantes de la Chine, qui investit massivement dans les infrastructures polaires.

L'exploitation des ressources naturelles constitue également un enjeu central. La présence de terres rares et d'uranium à Kvanefjeld souligne l'intérêt croissant des acteurs internationaux pour le sous-sol groenlandais. La Chine, qui cherche à assurer son approvisionnement en terres rares essentielles à l'industrie technologique, a déjà tenté d'investir dans des projets miniers au Groenland, suscitant des tensions avec Copenhague et Washington.

Une actualité brûlante : prédation territoriale, militarisation et investissements économiques

Cette cartographie résonne particulièrement avec l'actualité récente, dans un contexte de tensions croissantes avec la Russie et de méfiance envers les ambitions chinoises. Les déclarations prédatrices de Donald Trump, se prononçant pour un rachat du Groenland (ce qu'il avait déjà évoqué en 2019) sont un signalement stratégique à l'égard de Pékin et de Moscou. Lors d'un sommet de l'Union européenne à Bruxelles le 10 février 2025, la Première ministre danoise, Mette Frederiksen, a réaffirmé avec force que le Groenland n'était pas à vendre, malgré les tensions grandissantes avec les États-Unis. Elle a toutefois souligné la nécessité de renforcer la coopération en matière de sécurité avec Washington, notamment face aux inquiétudes croissantes liées à l'influence grandissante de la Russie et de la Chine dans l'Arctique.

La question de l'indépendance du Groenland refait également surface, alimentée par le désir de certains leaders locaux de tirer parti des opportunités économiques offertes par l'exploitation des ressources naturelles et l'ouverture des routes maritimes.