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L’occident face à la renaissance de la Chine. Défis économiques, géopolitiques et culturels

10/04/2024

Recension effectuée par Mathilde Domont, responsable du département Asie du Sud, Pacifique et Océanie de l'Institut d'études de géopolitique appliquée.

La recension n'engage pas la responsabilité de l'auteur de l'ouvrage. 


À propos de l'auteur et du contexte

Claude Meyer, auteur de L'occident face à la renaissance de la Chine. Défis économiques, géopolitiques et culturels, est un banquier international et universitaire spécialiste de l'Asie. Il est docteur en économie (EHESS Paris), diplômé en philosophie, en sociologie (Paris Sorbonne) et en japonais (INALCO). Il est actuellement conseiller au Centre Asie de l'Ifri (Institut français des relations internationales). Il enseigne l'économie internationale à Science Po Paris (PSIA - Paris School of International Affairs). Il a enseigné dans des universités chinoises, japonaises, sud-coréennes et américaines. Il a écrit de nombreux ouvrages sur la Chine ainsi que sur le Japon. Citons La Chine banquier du monde (Fayard, 2014) ou encore Chine ou Japon quel leader pour l'Asie ? (Presses de Sciences Po, 2010). L'ouvrage que nous recensons a été publié en 2018 par l'éditeur Odile Jacob.

Cet ouvrage a été publié il y a six ans, en 2018, après l'élection de Donald Trump. Si les tensions entre les États-Unis et la Chine étaient palpables, elles se sont intensifiées. Cette lecture dualiste s'est complexifiée avec le pacte AUKUS, la récente augmentation du budget militaire du Japon et la situation à Taiwan, intensifiant les tensions dans le Pacifique. Alors que les États-Unis et la Chine cherchent explicitement à contrer leur influence réciproque, d'autres pays, comme la France par exemple, tentent une approche par le dialogue. S'intéresser à cet ouvrage quelques années après sa publication permet de rappeler d'où la Chine tient sa place de deuxième puissance mondiale, puis de rappeler le passé commun de l'Occident et de la Chine et enfin de montrer l'intérêt pour l'Occident de dialoguer avec la Chine malgré les difficultés, plutôt que de l'affronter. 

À propos de l'ouvrage

Les ambitions mondiales de la Chine : la prééminence économique et financière à l'horizon 2030

Le nouveau centre de gravité et pilier stratégique s'articule désormais autour du continent asiatique. Ceci est le résultat de nombreuses réformes et de politiques ambitieuses initiées dès 1978 par Deng Xiaoping et poursuivies par Xi Jinping. La Chine a joué un rôle essentiel dans ce basculement et cherche par tous les moyens à imposer sa suprématie. Son PIB devrait dépasser celui des États-Unis d'ici 2030. Ce n'est pas seulement une puissance économique que la Chine deviendra, mais aussi une puissance technologique et financière, autrement dit la première économie de la planète. Dès lors surnommée « banque mondiale bis » par ses financements en direction des pays en développement, elle est aussi, rappelons-le, premier créancier étranger des États-Unis. Ceci est facilité par son épargne pléthorique, mais elle n'est pas pour autant encore une puissance financière, compte tenu du manque de performance de son système financier et du rôle minime de sa devise, le yuan, à l'échelle internationale.

La Chine cherche à acquérir à terme un développement qualitatif plutôt que quantitatif, en allouant au marché un rôle décisif. La Chine passe progressivement d'une « économie socialiste de marché » à une « économie de marché socialiste ».

La crise financière des subprimes de 2007-2008 a révélé les failles de son modèle, provoquant d'importants endettements, des fractures sociales et un désastre écologique à la suite (entre autres) d'une industrialisation à marche forcée, nécessitant de profondes réformes. Le revers de la médaille de cette ambition, à savoir de devenir la première puissance industrielle, sont les conséquences sur l'environnement mais également sur la santé des nationaux. Ces derniers souffrent d'un manque de justice sociale et ne bénéficient pas, pour nombre d'entre eux, d'une protection sociale. La Chine cherche à acquérir à terme un développement qualitatif plutôt que quantitatif, en allouant au marché un rôle décisif. La Chine passe progressivement d'une « économie socialiste de marché » à une « économie de marché socialiste ». Ses réformes montrent qu'elle cherche également à rendre sa croissance plus équilibrée et plus inclusive. Elle affirme en outre son désir de réduire sa dépendance aux technologies étrangères ainsi qu'aux exportations.

Pour un nouvel ordre mondial

La Chine poursuit deux objectifs liés, devenir une puissance au niveau régional mais aussi au niveau international. Pour atteindre ce premier objectif, l'auteur explique qu'elle a recours à trois stratégies. La première étant la stabilisation des frontières avec ses voisins avec qui elle a des différends frontaliers, l'ayant historiquement humilié. La deuxième étant le recours à la diplomatie économique, en rassurant ses partenaires économiques tout en déconstruisant l'idée d'une « menace chinoise ». La nouvelle route de la soie illustre cette volonté chinoise d'insuffler et d'être à l'origine d'une stabilité hégémonique dans la région. La troisième étant d'être garante de la sécurité régionale, pour contrebalancer les alliances préexistantes et l'influence américaine. L'organisation de coopération de Shanghai est un exemple illustrant la volonté chinoise d'être leader en Asie et de résoudre les affaires asiatiques, en tant que puissance asiatique, avec ses voisins asiatiques.

À l'échelle internationale, pour atteindre son objectif, la Chine fait l'usage d'une diplomatie économique offensive en nouant des partenariats bilatéraux. Elle veut jouer un rôle central dans le domaine du commerce et de la finance, pour en prendre les rênes.

Elle œuvre pour concurrencer la puissance et domination économique de ses voisins, d'abord du Japon qui est très influent économiquement en Asie. Il dispose d'une importante expertise, est un bailleur de fonds et un véritable centre technologique puis dispose d'un puissant soft power. Elle cherche ensuite à concurrence l'Inde, étant précisé que la Chine et l'Inde ont des ambitions antagonistes de puissances régionales. La proximité Pékin-Islamabad ainsi que l'influence chinoise dans la région déplait à l'Inde qui cherche à la contrer avec sa « Act East Policy ». Le rapprochement nippo-indien montre que ces deux États craignent la domination chinoise dans la région, devenant partenaires stratégiques dans le domaine de la sécurité notamment tout en partageant des valeurs démocratiques.

À l'échelle internationale, pour atteindre son objectif, la Chine fait l'usage d'une diplomatie économique offensive en nouant des partenariats bilatéraux. Elle veut jouer un rôle central dans le domaine du commerce et de la finance, pour en prendre les rênes. Ses partenaires américains et européens lui reprochent d'avoir une balance commerciale excédentaire, ne leur laissant que peu d'occasions d'exporter leurs produits. Dans le secteur de la finance, l'auteur observe la même logique, les entreprises nationales chinoises étant protégées et les investissements étrangers limités. L'Union européenne plaide pour un meilleur accès au marché chinois, face au déséquilibre structurel dans les échanges commerciaux. Elle peine cependant à s'exprimer d'une seule voix, les vingt-sept États ne s'accordant sur une stratégie commune à l'égard de la Chine et retardant en parallèle la conclusion d'un accord de libre-échange.

Ses partenaires d'Amérique latine et d'Afrique bénéficient, dans le cadre de sa stratégie de coopération sud-sud, d'importantes aides au développement, ceux étant riches en ressources naturelles étant principalement convoités par la Chine.

La Russie quant à elle, est un partenaire stratégique majeur pour la Chine. Elle partage avec elle une vision multipolaire du monde, visant à contrebalancer l'influence américaine. Elles restent cependant des concurrentes stratégiques, la Russie craignant notamment l'expansion chinoise en Asie centrale.

Les États-Unis représentent enfin pour la Chine un partenaire commercial crucial mais est également son premier rival. Leurs échanges commerciaux représentent environ 15% de leur commerce. L'auteur note qu'il existe une grande interdépendance entre les deux économies, ainsi une guerre commerciale serait très dangereuse et complexe. Le risque du dilemme de sécurité se pose ainsi, pouvant déboucher sur une course à l'armement puis une insécurité mondiale.

Cette diplomatie économique participe, pour la Chine, à redéfinir l'ordre mondial en le façonnant à son image. Elle met également en place d'autres stratégies pour suivre cet objectif. Elle impose son modèle de développement, se distinguant de celui des occidentaux. Son modèle séduit beaucoup les dirigeants des pays africains car la mise en œuvre des programmes est rapide, sans ingérences dans les affaires internes du pays et sans conditions en ce qu'elle n'exige pas de libéralisation politique par exemple. Ces dernières années elle multiplie les initiatives visant à affirmer ses ambitions et sa vision, marquant une véritable rupture avec sa maxime suggérant d'attendre leur heure et de cacher leurs capacités. La Chine, en créant la Banque asiatique de développement, a offert une alternative à la Banque mondiale, s'affirmant ainsi dans la gouvernance financière mondiale.

On ne peut plus lui reprocher de ne pas être une « partie prenante responsable ». Sa déclaration de 2017 va dans ce sens en ce que la Chine affirme qu'elle devrait guider la communauté internationale, lui permettant d'accomplir son rêve de grande renaissance. La Chine se montre prête à devenir un leader mondial, à un moment où les États-Unis sous Donald Trump cherchaient à s'en éloigner.

Toujours en lien avec ces objectifs et ambitions, la Chine cherche à imposer son soft power. Il est vrai, comme l'auteur l'explique, que le concept de soft power s'inscrit dans la tradition chinoise de Confucius, l'Art de la guerre étant un plaidoyer pour la puissance douce. Les Jeux Olympiques de 2008 à Pékin illustrent cette volonté chinoise de s'affirmer sur la scène internationale, mettant en scène à l'occasion de la cérémonie d'ouverture la richesse de sa civilisation. Elle se veut une grande puissance culturelle et tente par de désamorcer dans un premier temps l'image de la menace chinoise et dans un second temps, de promouvoir son image. Cette dernière, malgré tous les efforts mis en place (promotion de la langue avec les instituts Confucius ; influence dans les médias étrangers ; mise en valeur de sa richesse et son patrimoine), est confrontée aux critiques relatives à sa politique de répression interne. L'auteur cite les résultats de nombreux sondages qui montrent de manière équivoque que l'image de la Chine reste assez négative, sauf dans les pays en développement, preuve que la diplomatie économique chinoise joue un rôle fondamental dans le succès de son soft power.

Une démocratie à la chinoise : le modèle politique

La suprématie du Parti empêche toute séparation des pouvoirs et le droit est au service du premier.

La Constitution chinoise définit son régime politique comme démocratique, le pouvoir appartenant au peuple. En pratique, le pouvoir est exercé au nom du peuple, par le parti unique, le parti-État, également appelé le Parti communiste chinois (PCC). Ce dernier impose un étroit contrôle à son peuple et réprime toute contestation. La suprématie du Parti empêche toute séparation des pouvoirs et le droit est au service du premier. Le principe de direction collective a été évincé par la réforme constitutionnelle de 2018, permettant à Xi Jinping de rester au pouvoir autant qu'il le voudra et pourra. L'auteur qualifie son arrivée au pouvoir de tournant autoritaire : octroi de nouveaux pouvoirs, campagne anti-corruption jusqu'au sommet de l'État, propagande et culte de la personnalité.

La population chinoise ne représente pas encore un contre-pouvoir à part entière et la société civile est muselée. Depuis les années 1990, les associations et ONG se sont développées mais beaucoup ont été créées ou soutenues par le gouvernement. Les mouvements de défense des droits de l'homme par exemple subissent une forte répression, les arrestations et condamnations des leaders servent d'exemple pour dissuader. Les activités religieuses quant à elles sont étroitement surveillées, notamment à l'égard des chrétiens et des musulmans ouïghours, considérés comme des menaces. Ils subissent de fait un encadrement réglementaire très oppressif. Cette réglementation concerne également l'accès à Internet, protégé d'un « bouclier doré » face aux influences étrangères, notamment occidentales. L'auteur note l'ambivalence dans la posture du parti à l'égard d'Internet, également très contrôlé, qui représente à la fois un outil de propagande et un espace constamment surveillé prêt à censurer toute contestation qui remettrait en cause le Parti ou son idéologie.

Lénine à la rencontre de Confucius

L'enjeu aujourd'hui pour le pouvoir est d'associer deux idéologies, celle marxiste-léniniste d'abord, puis celle bien plus ancienne, confucianiste. Lénine comme Confucius sont des références qui ont inspiré la Chine bien que cela n'ait pas toujours été le cas. La place que leur héritage occupe aujourd'hui dans l'espace intellectuel chinois résulte de choix politiques. Le pouvoir construit sa propre idéologie en usant de certains aspects des idéologies citées. Cela conduit l'auteur à parler de « confucianisme socialiste à la carte » pour qualifier le régime politique chinois.

Les intellectuels jouent un rôle dans cette construction, d'où l'intérêt pour le pouvoir de contrôler cet espace et le rendre imperméable face aux idéologies et valeurs occidentales notamment. La Chine veut renvoyer l'image d'une puissance grande et indépendante, qui suit « la Voie », en référence à Confucius.

Le pouvoir a tout intérêt à mettre en avant les valeurs de l'idéologie confucéenne, comme l'altruisme par exemple, ou de l'idéologie léniniste-marxiste, comme le respect de la hiérarchie. Ces valeurs permettent de justifier dans un premier temps l'autoritarisme et font office de morale pour la société. Cette morale qui véhicule de nombreux principes conduit notamment les citoyens à œuvrer pour ces derniers, la justice sociale par exemple, ce qui permet en parallèle à l'État de se désengager de ce domaine. Cette idéologie politique chinoise perturbe cependant le dialogue avec l'Occident. Une évolution du système politique pourrait permettre de voir le dialogue évoluer.

Les conditions d'un possible dialogue entre la Chine et l'Occident. Au miroir de l'histoire, plaidoyer pour un dialogue des deux civilisations

L'auteur, par un retour historique, montre que la Chine et l'Occident ont connu un âge d'or dans leurs relations. Les jésuites européens se sont rendus en Chine au XVIIe et XVIIIe siècle, dans l'objectif d'y diffuser le christianisme. Il y a effectivement eu dialogue entre les deux civilisations. Cela signifie qu'entre elles, il y a eu un véritable transfert de compétences, permettant à chacune de se cultiver tout en remettant en question les certitudes de l'époque. Les jésuites vont en apprendre sur l'empire chinois, ses institutions, sa culture et ses valeurs. Cela va inspirer par la suite les philosophes des Lumières et les conduire notamment à remettre en cause la centralité du pouvoir spirituel dans la société française. Quant à la nation chinoise, la découverte d'une autre civilisation a donné lieu à la remise en cause de son idée de centralité dans le monde et l'a conduit à rattraper son retard dans le domaine des sciences. Les découvertes (et donc le dialogue en lui-même) n'ont pas été sans conséquence pour ces deux civilisations. Cela a, au contraire, conduit à des transformations profondes dans les sociétés respectives.

Cette idée de dialogue culturel est remise en cause par Samuel Huntington, auteur de Le choc des civilisations (1993). Même si sa théorie, selon laquelle à l'avenir les différentes civilisations vont entrer en conflit, est critiquable, l'auteur l'évoque pour montrer que la nature des relations internationales évoluent, remettant parfois en cause les dialogues entre les nations.

L'auteur conclut son chapitre en rappelant la nécessité pour ces deux civilisations d'entretenir un dialogue, tout en statuant des difficultés qui se posent à un tel objectif, le souci de l'universalité notamment. La solution que propose l'auteur est que toutes deux recherchent ce qui leur est commun, au sein de leur culture, elles-mêmes plurielles.

Deux modèles politiques antagonistes : un dialogue de sourds

L'intérêt pour l'auteur de parler d'âge d'or des relations entre la Chine et l'Occident est donc de montrer qu'échanges il y a eu, nombreux ont-ils été. Leur existence et intensité n'a toutefois pas perduré dans le temps. Il nuance en montrant que les relations entre ces deux protagonistes ont évolué depuis ce fameux âge d'or. Aujourd'hui, avec les changements socio-économiques et politiques respectifs, les relations ne sont plus de même nature notamment en raison de leur modèle politique. La Chine se revendique être un système méritocratique tandis que l'Occident prône un système représentatif et démocratique. Ce dernier est critiqué par la Chine, aidée par ce contexte non-favorable à la démocratie qui laisse fuser les critiques. Sans nul doute, l'Occident trouve pareillement des critiques au régime politique chinois, jugé irrespectueux des droits de l'homme, non-représentatif et rongé par les inégalités sociales.

Même si les revendications démocratiques se font entendre depuis plusieurs années en Chine, le pouvoir se renforce parallèlement avec le temps, ne garantissant en rien l'apparition d'une démocratie qui, de plus, semble incompatible avec la géographie chinoise.

Quel avenir politique pour ces deux entités ? Quel avenir pour les relations entre elles ? L'auteur questionne l'avenir du régime politique de la Chine, qui pourrait adopter les valeurs démocratiques (libertés, réduction des inégalités) ou non. Si l'on croit en la théorie développementaliste, la démocratie est la dernière étape que les pays « en développement » atteignent. Il conviendrait à juste égal de questionner l'avenir politique de l'Occident : la démocratie peut-elle changer de forme ou disparaître ? Ce que l'Occident pourra devenir facilitera peut-être le dialogue avec la Chine.

Même si les revendications démocratiques se font entendre depuis plusieurs années en Chine, le pouvoir se renforce parallèlement avec le temps, ne garantissant en rien l'apparition d'une démocratie qui, de plus, semble incompatible avec la géographie chinoise.

Le dialogue Europe-Chine en action

Il est important pour l'Union européenne de dialoguer (en coopérant) avec la Chine dans des domaines variés (environnement, sécurité, développement) dans le cadre du multilatéralisme, qui semble être fondamental quant aux défis futurs à relever.

À ce jour, le dialogue Europe-Chine, d'un point de vue culturel d'abord, est riche. La France par exemple possède des centres d'apprentissage de la langue chinoise et des centres de recherche sur la Chine. Les deux pays échangent dans les domaines universitaire, scientifique, technologique, culturel et touristique. Nous ne pouvons en dire autant de leur dialogue économique, malgré leur coopération et leurs échanges commerciaux. Cela tient au fait que ces derniers sont déséquilibrés, ce qui génère un déficit commercial pour la France bien que ce problème concerne également l'Union européenne. Cette dernière prône depuis années une politique de défense des intérêts et emplois européens. La Chine, par ailleurs, reste gagnante dans ces échanges avec l'Union européenne en exportant et investissant davantage. Les divergences européennes en raison de la gouvernance à vingt-sept rendent difficile le choix d'une posture spécifique face à ce partenaire chinois qui agit seul mais rapidement et efficacement. Dans de nombreux domaines, l'Union européenne n'agit que peu face à la Chine, mais il serait temps, comme le plaide Raphaël Glucksmann, d'opter pour une stratégie commune pour exister sur la scène internationale, au même plan que la Chine. Il est important pour l'Union européenne de dialoguer (en coopérant) avec la Chine dans des domaines variés (environnement, sécurité, développement) dans le cadre du multilatéralisme, qui semble être fondamental quant aux défis futurs à relever. L'auteur plaide par exemple pour la coopération Europe-Chine dans le développement du continent africain ou dans le cadre d'une stratégie climatique Il semblerait que l'enjeu réside dans la nature du dialogue : être un partenaire plutôt qu'un adversaire, exister à côté de la Chine plutôt que contre elle.

La Chine est devenue en peu de temps une puissance économique et financière. Ses ambitions peuvent être effrayantes, cherchant à gouverner tout en étant première dans tous les domaines (militaire, technologique, environnemental, culturel et idéologique). N'adopte t-elle pas cette position face aux États-Unis, qui se veulent indétrônables ? Le jeu des puissances, l'escalade des tensions et l'histoire pourraient se répéter. Or, il semblerait que la Chine ne devrait pas être vue tel un adversaire à battre, mais plutôt telle une alliée avec qui coopérer. L'auteur rend compte d'un discours Europe-Chine possible, difficile mais convoité.

Cet ouvrage apporte, en plus de connaissances, une clé de lecture pour la compréhension des enjeux futurs et une réflexion personnelle quant à la relation Europe-Chine de demain.